Paris – Fraichement nommé sélectionneur national de la Guinée après des semaines de discussions et de négociations avec le Président de la Fédération Guinéenne de Football, Luis Fernandez a bien voulu accepter de répondre aux questions de Guineefoot. Content d’être choisi comme le premier responsable de la sélection nationale guinéenne, l’actuel consultant de RMC et de Be InSPORTS nourrit de grandes ambitions avec la Guinée. Longuement courtisé par l’Instance en charge du football guinéen, Luis Fernandez veut gagner la prochaine CAN avec la Guinée. C’est du moins ce qu’il a confié à Guineefoot.
Guineefoot: Luis Fernandez, vous venez d’être nommé officiellement sélectionneur national de la Guinée, quel est votre sentiment?
Luis Fernandez : Je suis très content d’être le sélectionneur de la Guinée pour mener à bien une tâche, un objectif qui est d’essayer de pouvoir d’être à la hauteur. Je pense qu’il y a suffisamment de talents, des garçons qui ont aussi la même volonté que moi, la même determination, la même motivation de se qualifier pour la CAN et de faire des choses importantes, de gagner des matches parce que c’est ce qui est plus important. Quand vous êtes sélectionneur ou entraineur, on vous demande de gagner des matches. C’est comme ça que je me prépare à cette nouvelle tâche de sélectionneur.
Peut-on savoir ce que vous connaissez de cette équipe nationale de Guinée?
Vous savez, je connais très bien l’entraineur qui était là, Michel Dussuyer. J’ai eu l’occasion de regarder le football africain d’assez prêt. Tous ces garçons, tous ces anciens qui sont passés par la Guinée. C’est vrai qu’en Afrique, on va un peu plus parler de la Côte d’Ivoire, du Cameroun ou du Ghana, ces Nations qui sont toujours les plus fortes. Des Guinéens, j’ai eu l’occasion d’en côtoyer, de jouer avec ou d’en entrainer. Je regardais la sélection guinéenne pendant la dernière Coupe d’Afrique des Nations. Je suis souvent le football africain, je regarde les éliminatoires africaines. Voilà, la Guinée fait partie des équipes. Il y a en qui sont des grandes nations en Afrique, mais je pense que la Guinée a les atouts, les éléments, les joueurs avec beaucoup de jeunesse, beaucoup de talents. J’ai vu qu’il y a du talent, que ça soit Kevin Constant, Pogba, le petit Traoré qui joue à Münchengladbach, plus tous ces jeunes qui jouent en France, en Belgique ou au Portugal. Ce que je vais faire, c’est de les réunir pour leur apporter mon expérience que j’ai acquise en tant qu’entraineur et d’être le plus proche d’eux pour les encadrer.
« Quand on est chez Luis, on sait qu’il a son caractère, sa personnalité, il a ses ambitions et ses envies »
Alors, est ce qu’il y a eu un premier contact entre ces jeunes joueurs dont vous venez de citer les noms et vous?
Il n’y a pas eu de contact direct parce qu’on était dans les négociations et qu’aucune décision n’avait été prise. J’ai déjà rencontré Florentin Pogba, j’ai parlé avec lui. Les autres, je les regarde quand je suis dans les stades. Je les regarde et je les observe. Les contacts ont commencé à être mis en place avec le Président de la Fédération ( Salifou Camara, ndlr). Je connais celui qui est à Granade, Bangoura. Mais je n’ai pas eu de contact direct avec eux parce que je n’étais pas encore le sélectionneur national. Je regarde le jeune Sarr qui est à Metz, Baissama, le petit Kamano qui a marqué un doublé le weekend qui est un jeune prometteur. Je me suis intéressé à eux et je regarde leurs performances.
Quel est le projet sportif que vous proposez à la Guinée?
Il y a les matches éliminatoires pour la CAN 2017 qui arrivent. Il faut se qualifier, jouer la CAN, faire toujours mieux, essayer d’aller le plus loin possible et réaliser une bonne CAN. Je vais mettre en place un projet de jeu. Pour cela, j’aurai besoin d’éléments, des garçons qui sont dans des bonnes conditions, physiques, techniques et tactiques pour adhérer à mon projet. Moi j’aime faire jouer mes équipes, attaquer avec une réelle volonté offensive. Mais c’est aux joueurs de le réaliser. Après, il faut qu’on apprend à se connaitre, à se rencontrer, qu’on se voit. Quand on est chez Luis, on sait qu’il a son caractère, sa personnalité, il a ses ambitions et ses envies. Moi je suis un passionné. J’ai toujours aimé le football. Je travaille pour les médias, des propositions pour entrainer des clubs ou des équipes, j’en ai eu quelques unes pour partir mais j’ai toujours pensé à une sélection africaine. Là, j’ai senti, c’était une volonté, l’envie de la Guinée et du président. On a entamé les discussions, maintenant toutes les conditions sont réunies pour que je puisse m’exprimer, travailler et pour que tout le monde puisse être content.
« Que ça soit ceux qui sont au pays ou ceux qui sont à l’étranger, ceux qui portent le maillot de la Guinée doivent être exemplaires »
Au plan local, allez vous jouer un rôle?
On peut toujours mettre une personne qui sera peut être assez présente. C’est important que le football local soit suivi. Après le championnat guinéen est un championnat qui est en train de se mettre en place, de se construire, d’avancer et de progresser. J’aurais toujours des yeux dans le championnat local, ne vous inquiétez pas. Il y a ceux qui ont déjà progressé, grandi en voyageant, en allant dans d’autres pays. Après, il y a ceux qui sont sur place qui auront aussi des opportunités, pourquoi pas. Je ne ferme la porte à personne. Je vais essayer de prendre les meilleurs qui adhèrent au projet, qui adhèrent à des ambitions et des envies. Que ça soit ceux qui sont au pays ou ceux qui sont à l’étranger, ceux qui portent le maillot de la Guinée doivent être exemplaires, c’est ça qui est plus important. S’ils jouent en Europe, ils jouent dans des clubs parce qu’ils ont les qualités et le talent et ceux qui sont restés c’est parce qu’ils essaient de progresser. J’ai eu l’occasion d’aller à Conakry, j’ai été frappé par tous ces jeunes qui jouent tous dans la rue, autour des stades, dans les banlieues, à côté des rondpoints. J’ai vu toute cette passion avec les jeunes guinéens.
J’ai toujours eu la chance de découvrir des jeunes et de leur donner la chance quand j’étais à Paris, je fais avec Anelka et d’autres. À Bilbao, j’ai fais pareil. À Cannes, j’ai eu l’occasion de sortir des garçons comme Patrick Vierra ou comme Johan Micoud. Voilà, je ne ferme jamais la porte à des jeunes qui ont du talent que ça soit des jeunes qui sont au pays ou à l’étranger. Ne vous inquiétez pas pour ceux qui sont au pays, même si je ne serai pas toujours présent, mais il y aura la présence de quelqu’un que moi je vais mettre en place pour qu’il soit là tous les jours, qu’il regarde, qu’il collabore et qu’il aide.
Vous avez signé un contrat de 20 mois
Quand on est sélectionneur, on a un objectif. Dans mon cas, il faut qu’on se qualifie pour la CAN, participer à la CAN et ensuite être bon à la CAN. Moi je ne me contente pas du strict minimum, j’adore le maximum. Le maximum, c’est d’aller le plus loin possible, c’est d’être efficace. Ça ne sert à rien de signer des longs contrats. Il faut que les gens soient contents, heureux. On a un premier objectif qui est la CAN, c’est une qualification, ensuite faire une bonne CAN. Pour moi une bonne CAN, ce n’est pas d’être éliminé au prochain tour mais de se qualifier pour la finale et de gagner la CAN. Pour moi, c’est mon objectif quand je vais dans un pays ou dans un club.
« Il y a un garçon que j’ai vu jouer, il me plairait. C’est Oularé qui joue en Belgique… »
L’on a compris que par rapport à vos obligations professionnelles, vous allez garder vos activités à RMC et à Be InSports, comment comptez vous s’y prendre?
Ne vous inquiétez pas, on a toujours des solutions. Vous savez, un sélectionneur c’est celui qui regarde quel est le joueur qui joue. De par mes obligations professionnelles, je suis dans le monde du football. Cela veut dire que je suis obligé de regarder, de suivre les joueurs qui sont censés jouer dans la sélection de Guinée. Un sélectionneur, ce n’est pas le travail au quotidien. C’est un travail de recherche, trouver des joueurs et les regarder pour avoir une bonne sélection. Ça ne pose aucun problème, vous êtes dans l’actualité du championnat. Vous devez juste avoir les compétences pour pouvoir faire votre travail. Le travail du sélectionneur consiste entres autres à regarder les joueurs qui jouent à l’étranger, qui sont en place, mettre une équipe autour de vous, travailler avec des garçons qui vous sont fidèles, qui sont là, qui sont des vrais professionnels et qui comprennent tout pour faciliter la tâche du sélectionneur. Le sélectionneur n’est pas un homme seul, c’est un homme qui est accompagné.
Une dernière question, il y a plusieurs joueurs binationaux guinéens en France, surtout. Déjà, certains ont choisi la France, c’est le cas par exemple de Paul et de Guilavogui. Allez vous vous intéressez spécialement à ce dossier de binationaux?
Il y a des choix pour ces garçons, des choix à faire. Quand un choix se fait, il s’agit de le respecter. C’est important. Vous ne pouvez pas forcer quelqu’un. Il y a un garçon que j’ai vu jouer, il me plairait. C’est Oularé qui joue en Belgique, son papa est un ancien international. Il faudra présenter un projet à ces garçons là par rapport à la sélection. Mais il faut les laisser jouer et s’exprimer. Quand j’ai eu la liste des joueurs guinéens, j’ai trouvé qu’il y a du talent, il y a de la qualité. Si on doit amener deux ou trois nouveaux joueurs, il faut qu’ils aient l’expérience pour pouvoir jouer dans une sélection. Le choix, il est personnel. Après, si je sens qu’il y a une utilité à me déplacer pour discuter et échanger, il n’y a pas de problème. Quand un joueur a envie de venir en sélection, il vient parce qu’il a de l’ambition, il est motivé, il aime son pays et il a envie d’apporter quelque chose. Si quelqu’un n’est pas motivé et n’a pas envie de jouer, vous ne le prenez pas quand vous êtes sélectionneur.
Entretien réalisé par Tanou Diallo