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Dussuyer « J’espère que les bonnes décisions seront prises quand au choix de mon successeur »

Malabo – Après cinq ans passés à la tête du Syli national comme premier responsable, Michel Dussuyer tourne la page guinéenne au lendemain de l’élimination de son équipe en quart de finales de la CAN 2015. Rencontré cet après-midi dans son hôtel à Malabo par les envoyés spéciaux de Guineefoot et de Foot224, le Français nous a confié qu’il veut repartir sur un nouveau projet.

Guineefoot : L’on vient d’apprendre votre démission au poste d’entraineur du Syli national, peut-on savoir ce qui a motivé cette décision ?

 

C’est une décision que j’avais en tête depuis plusieurs semaines. J’avais besoin aussi de repartir sur un nouveau projet même si jetais investi à 100% pour aller jusqu’au bout, le plus loin possible dans cette compétition. C’est un challenge qui me tenait à cœur. Il y a aussi des cycles dans le travail d’un entraineur. C’est toujours bien d’avoir une continuité mais il faut aussi savoir s’arrêter à un moment donné. D’une part parce qu’on est fatigué et d’autre part, ça implique un nouveau coach, une nouvelle façon de travailler, une remise en cause et une remise en question. Je pense que tout ça est profitable pour tout le monde. Cinq ans c’est presqu’un long bail. A un moment donné, il faut savoir tourner la page en espérant que ce que vous avez écrit jusque là laisse des bons souvenirs.

Je n’ai pas de projet pour le moment ailleurs. Je n’ai aucun contact, aucune discussion avec personne. Je ne pars pas parce que j’ai en tête une bonne destination. Je pars simplement pour les raisons que j’ai évoquées. Un long parcours depuis cinq ans, j’ai encaissé beaucoup de choses. J’ai subi beaucoup de choses dans l’environnement et au niveau des medias. Des remises en cause permanente de mes choix, la fatigue du travail et l’usure du temps font qu’à un moment donné, vous avez envie de tourner la page. J’ai toujours eu du plaisir à travailler avec les joueurs et j’ai une grande confiance en eux. Je sais qu’ils sont capables d’aller plus loin. J’espère que les bonnes décisions seront prises quand au choix de la personne qui va me succéder pour que cette équipe nationale continue à avancer.

 

Vous disiez être motivé par l’envie d’emmener cette équipe à un certain niveau. A qui la faute aujourd’hui si vous n’êtes pas parvenu à atteindre cet objectif, vous, les joueurs ou la Fédération ?

 

Vous savez que nous nous sommes qualifiés dans des conditions difficiles. On n’était dans une poule difficile et on est sorti de tout ça. Est ce que c’est le match contre le Ghana sur lequel nous sommes passés à travers qui vous autorise à tout remettre en cause ? Parlons du match contre le Ghana et dites moi ce qui n’a pas marché mais ne remettrez pas tout en question.

 

Vous disiez souvent que vous voulez réussir quelque chose avec la Guinée, c’était quoi cette chose ?

 

Première chose, c’était de se qualifier pour la CAN. On sortait d’une non qualification pour la CAN 2013 sur ce match difficile contre le Niger, moi ça m’est resté en travers de la gorge. J’avais à cœur de prendre une revanche sur le sort. Une qualification pour la CAN 2015, c’était ma motivation.

« Il y a d’autres garçons aussi qui ont été extraordinaires pendant les éliminatoires et qu’on a pas retrouvé sur cette phase finale »

 

Après la qualification, il fallait partir loin dans cette compétition. On ne dispute pas une phase finale d’une CAN tous les jours et on ne la joue pas pour faire la figuration. On a envie de pousser les limites encore un peu plus loin. Et Dieu sait qu’on a repoussé les limites parce qu’on avait des gros clients dans notre groupe. Chaque match a été très exigent pour nous. Il faut savoir mesurer le chemin qui a été fait et le chemin qui reste à faire. On n’est pas à l’égal en termes de qualité d’effectif des Nations qu’on a rencontré, ça il ne faut pas que vous l’oubliez. Il ne faut se dire parce qu’on a battu le Togo et l’Ouganda qu’on est devenu les meilleurs du continent d’Afrique. Mails il ne faut pas non plus se dire après une défaite qu’on est les plus mauvais. Il ne faut pas passer d’un extrême à l’autre. Il faut savoir s’évaluer à sa juste valeur. C’est comme ça qu’on avance. Celui qui est très présomptueux n’avance pas. Celui qui est trop réservé et pas assez confiant n’avance pas non plus.

 

 

Est ce qu’à un moment donné dans cette compétition, le groupe ne vous a pas lâché vu le niveau du match que vous avez livré contre le Ghana ?

 

Posez la question aux joueurs pour savoir s’ils m’ont lâché, ils vont vous répondre. Le match contre le Ghana, on est passé à côté. Il y a beaucoup de paramètres qui expliquent une contreperformance. Il y a le facteur récupération. Le Ghana a mieux préparé cette rencontre. Ils ont eu 24 heures de plus de récupération. Nous nous avons voyagé après le match contre le Mali. On a perdu toute une journée derrière. Après sur le match, c’est terrible quand on encaisse un but au bout de trois minutes de jeu et qu’on arrive pas à rentrer dans ce match. En étant mené au score, on essaie progressivement de revenir dans la partie et juste avant la mi-temps, on prend ce but bête. Il ne faut pas oublier que quand on veut rivaliser avec les équipes qu’on a affrontées, on doit beaucoup donner. Physiquement, il y avait un peu de lassitude. C’est ce qui fait qu’on n’a pas su produire le match qu’on souhaitait faire contre cette équipe du Ghana. On est tombé sur une belle équipe du Ghana. L’entraineur nous a dit qu’ils ont fait leur meilleur match depuis le début de la compétition. Ils nous ont pris au sérieux. Ils sont bien entrés dans ce match, mieux que nous. Sur la physionomie du match, il n’y a absolument rien à dire, le Ghana était plus fort que nous.

 

On attendait beaucoup Kevin Constant, qu’il apporte sa touche technique et son expérience au Syli national Son arrivée a provoqué une grosse polémique. Comment jugez vous sa CAN ? A-t-il apporté un plus à l’équipe ou êtes vous déçu de sa prestation ?

 

On espère toujours plus, après ce sont les joueurs qui donnent sur le terrain. Quelque fois, même s’il y a la volonté, la forme du moment n’y est pas. Il y a d’autres garçons aussi qui ont été extraordinaires pendant les éliminatoires et qu’on a pas retrouvé sur cette phase finale, chacun pour des raisons diverses. Il ne s’agit pas de dire que c’est tel ou tel qui porte la responsabilité. C’est un ensemble de choses. Par rapport à certains joueurs, on aurait espéré plus. Ils ont donné le maximum d’eux mêmes. Pour parler de Kevin, je dirai que c’est le moment que je l’ai senti le mieux dans le groupe. Les performances des uns et des autres, je les laisse à l’appréciation. Il ne faut pas oublier qu’on a fait face à plusieurs blessures dans cette CAN avec des joueurs importants comme FLO, Kamil et Idrissa. On n’a pas bénéficié de toutes nos armes.

 

« Tous les choix que j’ai fais, je les ai fais en âme et conscience »

Avec le recul, est ce qu’il y a des choses que vous auriez dû faire différemment en parlant de vos choix  sur les quatre matches ?

 

Je suis au quotidien avec les joueurs, toute la préparation et tous les jours on n’est ensemble. On fait des séances d’entrainement qui me permet de voir les spécificités de chacun, où sont les états de forme de chacun. Il y aura toujours débat sur le choix de tel ou tel joueur. J’entend quelque fois mêmes des énormités. J’ai un passé de joueur professionnel et une carrière de 17 ans. Ça maintenant 15 ans que je suis entraineur.  J’entend parler, parler alors que la personne la mieux placée ça reste celle qui travaille avec les joueurs au quotidien. Après je ne dis pas qu’on fait toujours juste dans les choix, c’est impossible. Mais en tout cas, tous les choix que j’ai fais, je les ai fais en âme et conscience en tenant compte de ce que je vois lors des séances d’entrainement. J’essaie d’aligner à chaque fois la meilleure équipe possible. Quel est l’entraineur qui va faire des choix pour perdre ? Si vous en connaissez un, foutez le dehors immédiatement. Ça n’existe pas. On est jugé sur les résultats. Les choix d’un entraineur, tout le monde va les discuter tout le temps et vous les journalistes en premier. Ça fait partie du jeu. Bien sûr qu’il y a des matches, je fais des choix, après je me dit que j’aurais peut être dû faire ça ou ça. Je fais mon analyse et mon autocritique.

 

Vous connaissez bien le milieu sportif guinéen. Le problème de cette équipe, est ce l’environnement ou les hommes ? Qu’est ce qu’il faut améliorer pour permettre à la Guinée d’avancer ?

 

L’environnement est en progression depuis plusieurs années. Il y a un contexte qui est aujourd’hui meilleur, des conditions de travail qui s’améliorent. Vous qui êtes ici à la CAN, vous voyez comment sont composées les délégations des autres pays, le nombre de personnes qui sont rattachées à ces équipes et les conditions de travail dont elles bénéficient. Nous on est là, on rivalise avec ces équipes là en n’ayant pas les mêmes conditions de travail, en n’ayant pas les mêmes qualités d’effectifs et vous voulez plus, tout de suite. Il faut un peu de temps. Cette équipe là, ce noyau là, ce sont des jeunes joueurs. Il faut qu’ils fassent leur chemin dans leurs clubs, qu’ils continuent à franchir des paliers. Si cette ossature continue à grandir, à progresser, dans les prochaines années, on peut espérer qu’elle franchisse un palier, qu’elle rivalise et qu’elle aille un peu plus loin. Mais il faut savoir où on se situe à chaque moment. Il ne faut pas dire que cette équipe est passée à côté de son sujet. Elle est passée à côté contre le Ghana mais elle est en progression depuis plusieurs mois. Il y a eu un accident sur ce match contre le Ghana, ce n’est pas pour autant qu’elle ne va pas reprendre sa marche en avant.

 

Est ce que vous n’avez pas été moins exigeant avec les autorités sportives guinéennes par rapport à vos conditions de travail ?

 

Vous savez, on est toujours prisonniers des textes. A un moment donné quand on vous dit qu’il n’y pas les moyens, qu’est ce que vous faites ? Vous allez démissionner avant la CAN, non. Vous allez vous accrocher avec les moyens du bord. Je dis ça non pas parce que j’estime que ce sont des mauvaises conditions de travail. Je dis, regardez les autres. Regardons aussi ce qui se fait ailleurs, comment sont constitués les staffs, les gens qui travaillent autour. Les moyens financiers sont surement différents. L’Algérie a une Fédération qui met beaucoup de moyens sur l’équipe. La Guinée n’a pas ces possibilités là. Donc, il faut faire avec les moyens du bord et essayer de tirer le maximum avec les conditions de travail que vous avez. Il ne s’agit pas de jalouser les autres, c’est se dire seulement, voilà la direction et il faut que les moyens suivent. Mettre sur pied n’importe quelle politique, si vous n’avez pas les moyens de cette politique, vous ne pouvez pas l’adapter.

Tanou Diallo, depuis Malabo

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