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Jean Jacques Grenier: Tous les joueurs – de Dynamo et de l’ Athélico- doivent apprendre à lire et à écrire pour évoluer demain dans le football ou hors du football.

Paris – Le président de l’Athletico de Coleyah, Jean Jacques Grenier (Sur la foto appartenant à Guinée Afrique foot) qui ne s’exprime pas régulièrement dans les médias, a bien voulu cette fois-ci répondre à nos questions. Dans un entretien sans langue de bois, nous avons abordé avec lui la question sur le limogeage de son entraîneur, Théophile Bola, ses ambitions par rapport au projet de formation des joueurs de son club de l’Athletico de Coleyah et bien d’autres sujets sportifs.

 

Guineefoot : Vous venez de limoger l’entraîneur de votre club, le franco-congolais Théophile Bola pour insuffisance de résultats, est ce que cette décision est justifiée quand on sait que l’ Athlético a terminé deuxième du championnat ?

 

Jean Jacques Grenier : Ce n’est pas simplement une insuffisance de résultats. C’est aussi tout un environnement de comportement vis-à-vis des joueurs, vis-à-vis de l’encadrement du club. Et dans l’organisation que l’on veut mettre en place au niveau de Conakry dans le football. Je dirai qu’on n’a pas trouvé pour la prochaine saison de football l’adhésion de monsieur Bola à notre projet. C’est la raison pour laquelle, à l’issue de la première saison, conformément à son contrat qui comporte des clauses sur ses résultats et son attitude vis-à-vis du club que nous avons décidé de nous séparer, à l’amiable, ensemble sous l’égide de la fédération guinéenne de football qui est notre organisme, je dirais d’administration du football guinéen.

 

Guineefoot: Vous avez évoqué la question d’insubordination comme deuxième raison qui a motivé son limogeage, l’intéressé s’est défendu en disant qu’il n’a jamais été suspendu par la Fédération guinéenne de football pour mauvais comportement. Qu’est ce que vous lui reprochez au fait quand vous parlez d’insubordination ?

 

Jean Jacques Grenier: C’est le problème de comportement et l’adéquation au projet. Athletico, ce n’est pas simplement une équipe de Ligue 1. C’est également, avec Dynamo de Coléyah, une équipe junior que l’on essaye de former. C’est-à-dire : avoir des structures de formation de jeunes joueurs guinéens. Cette équipe sert aussi de réservoir à Atlhético de Coléyah, de manière à avoir une équipe junior et une équipe senior, une équipe en ligue 1 et une équipe de formation. C’est ce qui nous permet de découvrir et d’avoir aujourd’hui environ 60 jeunes dont nous assurons la formation au niveau du football. Nous avons un projet d’académie et un projet de centre de formation. Puisque nous voulons couvrir l’ensemble des besoins d’un club et de la formation des joueurs. L’année prochaine, tous les joueurs – de Dynamo et de l’ Athélico- doivent apprendre à lire, à écrire et avoir une base des fondamentaux humains qui sont nécessaires pour évoluer, demain, dans le football ou hors du football. Pour moi, c’est très important. Pour moi, c’est plus important l’état d’esprit, la formation des joueurs que nous avons que le fait d’avoir de  titre ou pas de titre. Ce qui est intéressant, c’est que les joueurs qui passent par Dynamo de Coléyah ou Athlético de Coléyah ressortent avec une dimension humaine, une formation d’homme et une formation de joueur. Voilà l’objectif.

 

Guineefoot : Théophile Bola exige le paiement de salaire des 14 mois qui restent dans son contrat. A-t-il raison de formuler ce genre d’exigence?

 

Jean Jacques Grenier : Il peut effectivement exiger qu’on lui paie la prochaine saison. Mais, il a un contrat. Et dans les termes de ce contrat, il y a des arbitrages. Ce que nous avons proposé, c’est de payer trois mois de préavis normaux en cas de licenciement. La fédération arbitrera sur sa demande et notre proposition. On essayera de trouver quelque chose qui soit cohérent pour ce garçon. Mais, c’est pas lui qui décide.

 

Guineefoot: Etes-vous prêts à payer les 14 mois de salaires réclamés par monsieur Bola ?

 

Jean Jacques Grenier : J’ai pas de raison de lui payer 14 mois. On se sépare. Il a un contrat, et les termes de ce contrat…. A la limite, je peux me séparer de lui à la fin de la saison sans lui payer un franc. Parce qu’au bout d’une saison, on fait le point. Il a des engagements, d’objectifs à l’intérieur de son contrat. S’il ne les a pas atteint, on se parle. Théophile, j’ai des rapports avec lui. Même si, par moment il a des dérapages de comportement, ce qui est un des reproches que je lui fais. Mais, il faut avoir, je dirai une attitude respectueuse vis-à-vis de son encadrement, vis-à-vis de ceux qui le paient. On s’assoira autour d ‘une table. Il y a les structures du club qui négocient avec lui. On trouvera un moyen pour nous séparer.

 

Guineefoot : Bola  exige aussi que vous lui payez le billet d’avion pour qu’il puisse regagner Paris…

 

Jean Jacques Grenier : C’est pas dans son contrat. Moi, je respecte le contrat qui a été signé.

 

Guineefoot : Le départ de Théophile signifie que vous allez engager très rapidement son successeur. Il se murmure que vous  envisagez d’offrir un contrat à l’actuel  entraîneur du Fello Star de Labé, Mandiou Diallo. Qu’en est il réellement ?

 

Jean Jacques Grenier :  D’abord, moi je ne prendrai pas la décision seul d’embaucher quelqu’un. Nous avons un certain nombre de contacts avec des entraîneurs. Je pense qu’en Guinée, il y a un certain nombre de jeunes ou de moins jeunes qui ont de l’expérience et que nous pouvons embaucher.  Nous allons recruter mais dans le cadre du projet que nous avons de développement des clubs,  et surtout de la formation des joueurs avec l’état d’esprit que nous voulons avoir sur le terrain. Il faut que ça soit des joueurs exemplaires dans leur comportement. Il faut que ça soit des joueurs qui soient respectueux de leur hiérarchie, de l’arbitre, de l’arbitrage, de la fédération guinéenne. Une des raisons  qui a fait que je me suis séparé de Théophile, c’est les propos qu’il a tenus sur la fédération guinéenne et sur le ministre des sports. Je ne peux pas admettre que l’entraîneur de mon club se permette de tels propos sur des personnes. Ce n’est pas son rôle. Il a un rôle de formation des joueurs. Il n’a pas le rôle d’aller polémiquer à la radio contre la fédération, contre le ministre. Ce n’est pas du tout son rôle. Il a à s’occuper de ses joueurs et des matchs qu’il a à jouer. L’organisation du football guinéen ne relève pas de lui. Ce n’est pas son problème.

 

Guineefoot : Ces deux dernières saisons, l’ Athletico n’a pas réussi à se mettre au même niveau que le Horoya qui vient de remporter son deuxième titre d’affilée en étant champion de Guinée. Que comptez-vous faire avec la nouvelle saison qui s’annonce pour se mettre au niveau ou dépasser le Horoya ?

 

Jean Jacques Grenier : C’est une compétition. Horoya a été meilleur que nous cette année. L’année prochaine, on essaiera d’être meilleur que Horoya. Les joueurs d’ Athletico n’ont pas pas été à la hauteur durant  toute la saison pour remporter la compétition. Il faut que chaque joueur ait dans sa tête, qu’il ait un esprit de l’équipe avec un objectif qui peut être la coupe ou le championnat. Mais, c’est une compétition. Ce n’est pas une guerre. C’est une compétition avec des attitudes de gentleman.

 

Guineefoot : Le président du Horoya, Antonio Souaré compte engager des joueurs étrangers dans son club pour pouvoir faire une bonne campagne africaine. Avez-vous un projet pareil pour votre club ?

 

Jean Jacques Grenier : Pour l’instant, je pense que la Guinée a suffisamment de bons joueurs pour pouvoir alimenter un championnat, une coupe ou une compétition en Guinée. Maintenant, chaque dirigeant de club peut avoir une vision différente. Un autre club peut embaucher des ivoiriens, des sénégalais, des maliens…. Mon objectif : c’est d’abord la promotion des joueurs guinéens.

 

Guineefoot : Recrutez – vous des joueurs de l’intérieur du pays ? Est ce que vous donnez la chance aux talents qui vivent loin de Conakry ?

 

Jean Jacques Grenier : Oui. Parmi les joueurs de l’ Athlético, nous avons des joueurs  qui sont de Kankan, de Labé, de Kamsar de toutes les parties de la Guinée. Le talent, il n’est pas uniquement à Conakry. Il est sur l’ensemble du territoire.

 

Guineefoot : Avez-vous essayé d’entretenir un partenariat entre votre club et un club français par exemple pour permettre à vos joueurs de bénéficier parfois des stages pouvant accélérer leur développement ?

 

Jean Jacques Grenier : Nous avons beaucoup de partenariats avec différents clubs. Nous avons un partenariat traditionnel qui figure, d’ailleurs, sur le maillot de l’ Athélitico, un partenariat qui a eu plusieurs de nos joueurs en formation, qui a encore des joueurs en formation. Nous avons de très bons contacts avec Rennes, le Mans, Lille, avec différents clubs de France et d’ Espagne et du Maroc également. Nous avons un joueur à Marrakech. Nous essayons de suivre ces différents joueurs pour qu’ils évoluent dans leur carrière.

 

Guineefoot : Quel sera l’objectif de l’ Athlético  pour la saison 2012-2013 ?

 

Jean Jacques Grenier : C’est d’être en tête du championnat. C’est l’objectif. Et surtout, c’est être l’équipe exemplaire sur le terrain, dans le comportement avec un jeu qui soit un vrai football avec l’art et la manière de jouer. Parce que, pour moi, c’est très important.

 

Guineefoot : Nous voulons aborder un autre dossier avec vous, selon vous pourquoi le football guinéen peine à s’imposer sur la scène africaine ?

 

Jean Jacques Grenier : C’est un problème d’organisation au niveau de la Guinée. On n’a pas suffisamment de centres de formation. Les clubs n’ont pas les infrastructures nécessaires  pour avoir le temps de jeu de l’entraînement qui est indispensable à des équipes de ligue 1.  Par contre, chaque équipe n’aura pas un stade à sa disposition pour pouvoir travailler. Parce que le football, ce n’est pas seulement 2 ou 3 heures d’entraînement. C’est un travail de toute la journée. Il y a la formation en tactique, il y a la formation physique, il y a un ensemble de choses. Il faut du temps. Il faut qu’on ait un espace de jeu, d’entraînement qui nous permette de découvrir les joueurs et de former l’équipe. Malheureusement, on a un déficit de stades à Conakry. Et, c’est là le fond du problème.

 

Guineefoot : Malgré ce déficit de stades, la Guinée compte organiser bientôt la Coupe d’ Afrique des Nations. Votre commentaire par rapport à ce défi ?

 

Jean Jacques Grenier : J’espère que la Guinée va pouvoir faire face à ce challenge qui va lui demander des investissements dans les stades. On a déjà la chance d’avoir deux  grands stades à Conakry dont un qui va être très moderne. Il va falloir avoir des budgets pour l’entretien et la maintenance du stade de Nongo qui a été offert par la Chine. C’est un très très beau stade. Il va falloir que l’ État donne les moyens pour son entretien. Et puis, il y a des stades à l’intérieur qu’il faut rénover. Que ce soit à Labé, que ce soit à Kindia, que ce soit à Kankan, dans les différentes villes de la Guinée, il faut qu’il y ait des stades. Alors, on construit beaucoup de mosquées, c’est bien. Mais, il faut aussi construire pour les jeunes. Et pour les jeunes, c’est le stade. Il faut penser à la jeunesse et construire des stades pour les jeunes.

 

Guineefoot : Comment sont vos rapports avec la fédération et le ministre Titi Camara ?

 

Jean Jacques Grenier : Moi, je n’ai aucun problème ni avec la fédération, ni avec le ministre des sports. J’ai d’abord le respect des institutions qui sont en place. Même si on peut avoir des appréciations différentes, mais d’abord, ce que j’exige de mes joueurs,  c’est d’abord le respect des gens par rapport aux titres et qualités qu’ils ont et aux responsabilités qu’ils ont. Que ce soit le ministre, que ce soit  le président de la fédération, je suis vraiment en partenariat avec eux. Et, je n’ai aucun problème particulier avec eux.

 

Guineefoot : Nous ne saurions terminer cet entretien sans vous poser une question relative à votre magazine de foot. Voulez-vous nous parler de ce magazine?

 

Jean Jacques Grenier : On essaie de développer la partie communication sur le football qui nous parait très importante. Nous avons Afrique Foot Guinée qui est un trimestriel qui parait régulièrement. Nous allons faire un numéro spécial pour présenter l’ensemble du personnel. On aura la composition dans quelques mois des nouvelles équipes guinéennes. On va essayer d’avoir un annuaire, d’avoir un journal qui fasse, je dirai, de la fédération guinéenne, du ministère des sports, des différentes ligues et de tous les clubs. Que l’on ait des adresses, des numéros de téléphone, la composition des dirigeants, les logos de chaque club etc . Que tout ça soit dans un magazine qui soit à la portée du grand public et qu’on puisse le diffuser à des clubs étrangers qui auront une visibilité sur le football Guinée. Cela fait partie des objectifs de communication d’ Afrique Foot Guinée. Nous avons également un site internet qui est la corrélation du magazine. Et, demain, on va essayer avec des talents guinéens d’avoir un hebdomadaire qui paraisse régulièrement et sur les autres disciplines sportives. C’est un projet qu’on est en train de mettre en œuvre avec nos partenaires journalistes.

 

Interview réalisée par

Mamadou Saliou Diallo &

Tanou

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