Des calendriers encore aléatoires
La programmation annuelle des calendriers des différents championnats guinéens, est irrégulière. Hormis pour le championnat de première division, où les dates de matches sont approximativement respectées, les autres niveaux nagent en pleine marécage. Les clubs ne savent pas avec précision quand est ce qu’ils vont disputer leur match de la semaine. Parfois la rencontre est supprimée sans raison compréhensible. Il arrive souvent que les équipes ne jouent pas de matches officiels pendant plusieurs semaines et parfois elles disputent trois matches en une semaine pour pouvoir poursuivre la compétition.
Dans ce contexte de flou artistique, il est difficile voire même impossible d’attirer l’intérêt du public qui ne sait jamais quand est ce que son équipe va jouer.
Une des explications à la complexité de l’organisation, est l’absence d’infrastructures pour jouer au football en Guinée. Le pays manque cruellement de terrains qui répondent aux normes internationales. Et cela ne va pas en s’améliorant, car les surfaces de jeu se réduisent chaque année. Les clubs se partagent des bouts de terrain pour leurs différents entraînements et les joueurs du dimanche se succèdent toute la journée sur des terrains à terres battues pour pratiquer leur sport.
Quand est-il des projets Goal I et II de la Fifa ?
Quant au projet Goal II obtenu cette année, il devait permettre la construction du nouveau siège de la fédération guinéenne de football. Sept mois après l’obtention du projet, nous ne sommes pas à mesure de vous dire à quel niveau se situent les travaux. Aucune communication n’a été faite par rapport à cela depuis la signature du projet.
Beaucoup de conflits entre le ministère des Sports et la Fédé
Le bon sens et l’intérêt général sont supplantés par des guerres intestines, l’intérêt de quelques dirigeants et parfois par la corruption. Les conflits sont incessants entre la FEGUIFOOT et le ministère des Sports. Au lieu de se concentrer sur la gestion des Sports pratiqués en Guinée, le locataire de ce Département passe le plus clair de son temps à s’ingérer dans la gestion de l’équipe nationale, sans résultats.
Le football des jeunes, laissé pour compte
Les clubs informels existent à travers des tournois de quelques jours. Les régions manquent de championnat complet et intégral.
Certains clubs de division inférieure jouent moins de 10 matchs officiels par saison. Les tournois sont écourtés et ne durent que deux ou trois mois. Dans ce contexte, les initiatives privées sont souvent à la base du développement du football des jeunes. Des structures plus ou moins sérieuses se mettent en place, organisent entre elles des matches amicaux, voire des petits tournois. Mais la majorité des joueurs ne reçoivent comme formation que les matches qu’ils jouent entre eux.
Le gâchis sportif
La Guinée regorge de joueurs talentueux qui n’ont pas les moyens de s’exprimer. Le fait que la Guinée est l’un des rares pays de la sous-région ne disposant pas en 2012 d’une seule académie de football, est un scandale.
Les revenus des joueurs sont très faibles, parfois incertains. Rapidement après la fin du championnat, les clubs lancent des campagnes de recrutement qui peuvent durer deux mois. Les joueurs vont alors chercher à être recrutés par le meilleur club.
Tous les jours ont lieu des entrainements visant à réduire le groupe de joueurs. Les choix ne sont pas toujours effectués en fonction du talent, mais parfois selon les recommandations faites par un dirigeant ou la famille. Le sportif doit dans certaines situations mettre de l’argent sur la table.
En début de championnat, les effectifs de chaque équipe sont souvent pléthoriques (près de 30 joueurs). Pourtant il serait plus intéressant de les réduire pour mieux travailler à l’entraînement. Les entraîneurs ne disposent pas de matériel adéquat, ce qui explique la part importante du travail physique dans toutes les séances.
La construction d’une équipe avec une progression planifiée est difficile, car comme nous l’avons vu précédemment, la date de démarrage du championnat et les journées de compétition ne sont pas toujours connues à l’avance. Dans ce contexte, les joueurs guinéens sont exemplaires. Ils sont extrêmement motivés, durs au mal car les conditions sont très difficiles. Pour beaucoup d’entre eux le football représente un espoir de réussite. S’ils pouvaient être correctement formés pendant leurs jeunes âges, certains auraient davantage de chance d’y arriver. Ces jeunes ont une marge de progression très énorme.
Certaines mesures pourraient améliorer sensiblement la situation du football Guinéen
Concernant la fédération, elle a tout intérêt à créer des championnats régionaux complets, d’établir des calendriers fiables au niveau national, mais aussi et surtout local. En plus, elle doit mettre les moyens pour organiser des championnats de jeunes (juniors et cadets), utiliser une partie des revenus du sponsoring pour la formation des entraineurs en recrutant un directeur technique chargé de la formation (priorité). Aussi, elle doit être à mesure de regrouper régulièrement les meilleurs joueurs locaux de toutes les catégories. En fin, la FEGUIFOOT doit obliger chaque club de ligue 1 et de ligue 2 à avoir une équipe des U19 et des U16.
S’agissant des clubs, ils doivent avoir chacun une adresse postale officielle, un siège, un site internet régulièrement mis à jour et un compte bancaire. Il y va de leur intérêt en étant capable de mettre en place une stratégie de recherche de sponsoring en sollicitant les entreprises locales. La réduction des effectifs pour faciliter le suivi et pour mieux traiter les joueurs financièrement, serait aussi une mesure très efficace.
Alhassane SAMPOU
Guineefoot Nantes