Paris – Le choix de la FEGUIFOOT (fédération Guinéenne de football) de confier le futur du Syli National à Luis Fernandez, l’homme à mille casquettes est incompréhensible et inquiétant pour l’avenir du football Guinéen.
Après le départ de Michel DUSSUYER (entraineur depuis 2010), la Fédération Guinéenne de Football, espérait sans doute faire d’une pierre deux coups en prélude des prochaines élections de la mi-août, en s’offrant un grand nom du football. La dernière sortie des compatriotes de Luis FERNANDEZ dans le quotidien français L’Equipe doit inquiéter plus d’un côté Guinéen. Claude LE ROY (Congo-Brazzaville) en Afrique depuis 1985, Hervé RENARD (double vainqueur de la CAN avec la Zambie et la Côte d’Ivoire) 8 ans de présence en Afrique et Alain GIRESSE (Mali) présent depuis 2006, sont tous catégoriques, Luis Fernandez ne peut pas réussir dans les conditions actuelles.
Ces remarques et interrogations chez bon nombre d’observateurs n’est pas fait pour rassurer dans les rues de Conakry, Kankan, Labé ou Malapouya dans le Landoumataye profond à Boké, car les deux premiers résultats enregistrés par Fernandez confirment l’incompatibilité ou l’association impossible du poste de sélectionneur à celui de consultant radio/TV à plein temps. Si le Syli National battu par le Swaziland (2-1) ne se qualifie pas pour la CAN 2017, cela ne sera pas une surprise pour nous les grands spécialistes et analystes, car on ne peut pas avoir un emploi du temps aussi chargé que celui de Luis Fernandez et prétendre obtenir une qualification pour une CAN, ce serait méconnaitre le football Africain et son évolution actuelle avec l’intégration de toutes les nations dans les groupes éliminatoires.
Alain Giresse (Mali), Hervé Renard (actuellement à Lille) et Claude Le Roy (Congo) sont formels et ne comprennent pas le choix de la FÉGUIFOOT avec tout le respect qu’ils ont pour Luis Fernandez. Pour Claude Le Roy, « c’est une insulte au football de concilier les postes de : sélectionneur, consultant radio/TV et conseiller de président à Evian. J’aime Luis, mais…Ce métier, en Afrique, ce n’est pas le même qu’en Europe, c’est tous les jours (…) Les Fédérations qui acceptent des sélectionneurs qui ne vivent pas une grande partie de l’année dans le pays, elles s’auto-flagellent » critique le plus Africain des Ssélectionneurs étrangers du continent actuellement à la tête de toutes les sélections du Congo, en témoigne les espoirs qu’il vient de qualifier face au Ghana.
Hervé Renard (récemment nommé à la tête de Lille) qui a été façonné par Claude Le Roy et qui arpente les stades du continent depuis 2007, abonde dans le même sens « C’est pour moi une aberration, mais ce n’est pas la faute des sélectionneurs, c’est celle des Fédérations. J’ai été sélectionneur d’une équipe où il y avait de grandes stars, pourtant je m’intéressais au championnat local. Sur les 23 joueurs qui faisaient partie de ma liste lors de la dernière CAN, trois éléments évoluaient en Côte d’Ivoire. Luis doit être présent, sinon il n’y arrivera pas…..l’échec ne sera pas une surprise”, dixit Alain Giresse. Pour le coach malien, ancien sélectionneur du Gabon, du Sénégal et actuellement à la tête du Mali, Luis Fernandez va droit dans le mur, et l’échec ne sera pas une surprise. Il conseille à Luis Fernandez de se donner les moyens de réussir sa mission. “S’il pense qu’il y a tout autour, et un système qui va répondre à ses demandes, il se trompe. Il va être confronté à des situations où, sur certains points, il va devoir être présent et exigeant. Sinon, il n’y arrivera pas. Ici, si vous n’acceptez pas d’avoir un rôle élargi, mieux vaut ne pas le faire » a-t-il conseillé.
Comme on le voit, les marches ou escaliers de l’avenir semble sombre sur le chemin que doit emprunter le Syli National. La fédération qui espérait des fortes sensations de succès avec Luis Fernandez, doit commencer à sentir les sensations d’échecs souffler dans son dos. Pour l’ex coach de l’équipe nationale d’Israël, cette aventure commence déjà à patiner avec es deux défaites en matchs contre Tchad et Swaziland (2-1) excusé du peu. Tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard si ce n’est déjà pas le cas…. Ces nouvelles attributions (conseiller à Evian) couplées à son agenda bien chargé et connu d’avance, nous emmènent à tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard si ce n’est déjà pas le cas.
Cette première expérience en Afrique, Luis Fernandez qui a posé assez de ‘’préalables’’ avant de s’engager avec le Syli National, a encore étonné avec des propos qui ne rassurent pas les fans de l’équipe nationale de Guinée. En se confiant au journal le Monde, lors de son annonce au poste de conseiller de Evian (Club de Ligue 1 français) outre son poste de sélectionneur du syli national de Guinée et déjà animateur d’émissions sportives sur radio RMC et Be IN Sports, il tente de rassurer en disant que la fonction qu’il vient d’accepter n’interférera pas avec ses activités annexes. On n’est pas obligé de le croire. Il argumente « Je suis bénévole à Evian-Thonon-Gaillard. Le président du club est mon ami et il m’a demandé de lui donner des conseils. Mais je reste sur Paris. En Guinée, Laurent Hatton, mon adjoint, sera présent 24h/24. J’aurai également l’occasion de m’y rendre. Ma fonction de sélectionneur n’interférera pas avec mes activités médiatiques. Pendant les trêves internationales, je ne travaillerai ni sur Be IN Sport, ni sur RMC. A la radio, je parle de Ligue 1, de Ligue 2 et de football européen, pas des matchs internationaux’’, s’est défendu Luis Fernandez.
Dans l’œil du cyclone pour ses multiples casquettes, Luis Fernandez qui espérait sans doute rassurer, s’auto flagelle avec ces arguments peu convaincants et vient de doucher les derniers espoirs de ceux qui comptaient déjà sur sa poigne pour mener à bien cette jeune équipe du Syli National qui a besoin d’un meneur d’hommes présent à ses côtés pour franchir un cap et également neutraliser la division qui frappe à sa porte.
Si Luis Fernandez n’a pas entrainé depuis son départ d’Israël en 2011, s’est en parti l’incapacité de concilier un poste à responsabilité de sélectionneur ou coach de club à celui de ses multiples fonctions d’homme de média (consultant, chroniqueur ….).
Accepter de telles concessions à un sélectionneur quel que soit son CV peut être associé à de l’incompétence, d’irresponsabilité, de l’ignorance ou au mieux à une réelle volonté de faire l’impasse sur la CAN 2017 par cette stratégie et cela est considéré comme une faute professionnelle de la part de Luis Fernandez et plus particulièrement de la part de la fédération Guinéenne de football qui l’a engagé.
Et pour cette dernière, il est encore temps de changer de direction et stratégie, car une seconde défaite en matchs au Zimbabwe en septembre prochain signifiera, pas de CAN 2017 pour la Guinée. Il est inconcevable de penser qu’un sélectionneur national, qu’il soit du Bahamas, de Gibraltar, d’Ouzbékistan ou du Lesotho puisse penser obtenir des résultats probants avec de tels engagements multiples à plein temps. Il n’est pas étonnant de voir Fernandez accuser les absents pour justifier la défaite incompréhensible face au Swaziland. A force de convoquer et d’accepter des joueurs de tout bord, Koné (FA2 ou sans club) Pépé Guilavogui (sans club) et Bangoura (Saint Marin) sans oublier sa composition hasardeuse et schéma inadapté des Guinéens.
Sans remettre en cause les compétences et qualités managériales de l’homme, ce n’est pas très responsable de prendre à la légère le plus grand espoir et seul sujet qui réunit toute la jeunesse Guinéenne aussi féru, fou, malade et mordu du football. Au départ de Michel DUSSUYER, la fédération a raté une réelle et belle occasion de démarrer un nouveau cycle. Mais lorsqu’on remarque de façon aberrante, l’absence des Espoirs Guinéens dans les tours éliminatoires des JO 2016, celui des juniors dans les derniers tours, on se dit qu’en 2019, nous en serons aux mêmes stades, alors que le Mali sacré chez les cadets vient de se classer 3ème au mondial chez les juniors sans oublier ses clubs toujours présents en phase de groupe.
Et les condiments préparés nous font craindre le pire pour la suite… A la fédération de rendre public la feuille de route de son sélectionneur pour comprendre si Luis Fernandez doit également participer à la formation, l’assistance des sélections de jeunes de Guinée. Les supporteurs du syli national doivent savoir à quelle sauce ils vont êtres mangés. Et les condiments préparés nous font craindre le pire pour la suite.
Alhassane SAMPOU Guinéefoot