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Edito

Pour laver l’affront, un Syli du sacrifice à Kampala!

 

«On ne fait rien de grand sans de grands hommes, et ceux-ci le sont pour l’avoir voulu.» 

[Charles De Gaulle]

 

 

KAMPALA ─ Il fait beau temps sur la pelouse du Stade Nakivubo de Kampala ce 8 avril 2000. L’Ouganda reçoit la Guinée lors des Eliminatoires Mondial Japon/Corée. La rencontre, amplement disputée, tire vers sa fin. Souleymane Youla vient d’égaliser, à la 83’. C’est son 2e but de la soirée et le 3e du Syli National. Pablo Thiam de Bayern Munich a ouvert la marque en surprenant les hôtes.

C’est en ce moment de joie que le jeune Alhassane Keita ‘Otchico’ fait sa première apparition au sein de notre onze national senior. Il rentre sur la pelouse en lieu et place d’Ousmane Soumah sous le sourire encourageant du coach Abdoulaye Keita Banks.

 

Les Guinéens ont modifié leur schéma tactique. Pascal Feindouno semble s’être recentré avec la rentrée de Keita qui, conscient du poids de la tâche, tente de réussir cette première. Ses accélérations, ses touches de balle impressionnent le staff technique. Le temps file. On est presque aux arrêts de jeu, le moment choisi, souvent, par la scoumoune pour s’abattre sur le Syli National.

 

Mais la beauté du football c’est aussi sa glorieuse incertitude. C’est ainsi que, Feindouno, l’enfant de Kissidougou, en véritable sauveur, place le 4e but guinéen, comme pour dire au portier ougandais Kawalya qu’il venait d’une ville dont le nom signifie : « terre de sauveur ».

 

Kissidougou, nom composé de Kissi (être sauveur) et dougou (terre), signifie littéralement en malinké (terre de paix). Les malinkés y ont trouvé refuge sur la route de l’exil. Elle fut créée par Dankaran Touma Keita, le frère de Sundiata Keita, fondateur de l’empire du Mali. Leur dernier chef, Kissi Kaba Keita, livra une bataille sans merci aux colons avant sa mort en 1898. Sa terre est fertile et les denrées agricoles y sont abondantes à des prix imbattables.

 

─ Et la fin du match à Kampala ? Crie un fan du Syli.

 

─ Oui. La scoumoune y était bel et bien présente. Car malgré l’effort des Guinéens, les Ougandais remettront les pendules à l’heure dans le temps additionnel. Score final : 4 buts partout.

 

En arrachant ce match nul difficile, Pablo Thiam, Morlaye Soumah « Colovati », Sekou Oumar Dramé, Mamadi Kaba « Dieng » et les autres pachydermes de ce soir, venaient d’illustrer devant le jeune débutant Keita ce que chaque sportif, professionnel ou amateur, doit faire, à tout moment, pour honorer sa patrie. Un message que chacun de nous doit avoir en tête, respecter et transmettre.

 

 

Il est primordial que les sportifs comprennent que leur bonne prestation en équipe nationale est une fierté inestimable qui sème le sourire sur les lèvres de leurs compatriotes. Et ce sourire, les Guinéens en ont réellement besoin, eux dont le sous-sol est gorgé de richesses naturelles, avec une terre fertile et naturellement arrosée mais, paradoxe révoltant, qui croupissent dans la pauvreté !

 

La vie n’est qu’une succession perpétuelle des faits par des voies dont seul l’Omniscient Allah détient les contours.

 

─ Succession? S’exclame une supportrice du Syli.

 

─ Exact. C’est normal que le pays de Museveni craigne un probable retour du virus Ebola sur son territoire. En 2000, le virus touche pour la première fois l’Ouganda (224 décès pour 425 cas) ; il y revient en 2007 (37 morts pour 149 cas), en 2011 (1 cas mortel), en 2012 (17 morts pour 24 cas) et en 2013 (4 morts pour 7 cas).

 

Mais au-delà, il y a aussi la frayeur d’être terrassé à domicile par un visiteur encombrant, un hôte perçu avec un certain embarras et de la gêne. Ce visiteur s’appelle Syli national de Guinée qui défie les Cranes ce mercredi en Eliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2015).

 

Ainsi, depuis quelques jours, les medias ougandais n’ont de place que pour la présence des joueurs guinéens sur leur sol. Naturellement, l’effet de pressing que les autorités ougandaises veulent exercer sur leur adversaire ouest-africain, y est pour quelque chose.

 

Le panafricanisme étant visiblement enterré dans certaines contrées du continent, les agissements antisportifs que les Ougandais viennent de réserver à la délégation guinéenne pourraient donner à ce « match » une autre dimension. Il pourrait se disputer autrement, avec une intensité extrême! D’ailleurs, côté guinéen, les supporters ne réclament qu’un sursaut d’orgueil, afin de quitter Kampala avec les trois points précieux de la rencontre.

 

Ils sont confiants que leur Syli (Eléphant) lavera l’affront inadmissible subi en terre ougandaise. Un Syli du sacrifice qui honorera le tricolore guinéen ce soir à Namboole Hill, Kampala.

 

Moysekou CAMARA, Guinéefoot©

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