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Mamadi Souaré: « J’ai toutes les qualités pour faire avancer le football guinéen »

Paris – L’ex-international guinéen, Mamadi Souaré est l’un des rares joueurs guinéens à avoir réussi sa reconversion après sa carrière professionnelle. Détenteur de plusieurs diplômes, l’ancien défenseur du Syli national exerce depuis dix ans le métier d’entraineur en France. Une expérience qu’il voudrait aujourd’hui faire profiter aux jeunes joueurs de son pays d’origine. Nommé en 2009 comme sélectionneur national de la Guinée en remplacement de Titi Camara limogé au lendemain d’un match éliminatoire pour la Coupe du Monde 2010 perdu contre le Malawi, l’aventure de Mamadi Souaré à la tête du Syli national n’a été que de courte durée. Accusé de tentative de corruption lors de la préparation du match retour Côte d’ivoire/Guinée comptant pour les matches éliminatoires combinés de la coupe d’Afrique des Nations en Angola et la coupe du monde en  Afrique du Sud 2010, Mamadi Souaré avait été radié de l’effectif des entraineurs de football guinéen. Cinq ans plus tard, Passarella comme on le surnomme, a accepté de répondre à nos questions.

NG: Luis Fernandez est le nouveau sélectionneur du Syli National. Votre réaction ?

Passarella: A mon avis, si la Guinée a choisi Luis Fernandez comme entraîneur, c’est parce que c’est un entraîneur de haut niveau. Tout ce que je peux vous dire au sujet du choix porté sur Fernandez, on attend le projet et les résultats qu’il ( Fernandez ndlr ) va nous ramener au terme de son contrat. J’espère qu’il va nous donner ce que ses prédécesseurs n’ont pas pu offrir au peuple de Guinée. Une fois encore, je répète que Fernandez est un grand entraîneur, un entraîneur de haut niveau. Mais, on attend les résultats. On doit attendre d’abord son travail avant de dire quoi que ce soit.

NG: Que pensez-vous du contrat qui lie Fernandez à la FEGUIFOOT ?

Passarella: Je ne peux rien dire sur le contrat. Seulement, on attend les résultats. C’est ce qui compte. En tant que technicien, je préfère attendre de voir ce qu’il va nous apporter. Si la Fédération a choisi Fernandez, c’est qu’elle sait qu’il est capable. Je ne veux pas polémiquer sur le contrat entre Fernandez et la Fédération Guinéenne de Football.

NG: Étiez-vous intéressé par le poste de sélectionneur du Syli National après la démission de Michel Dussuyer ?

Passarella: Bien sûr que oui. J’étais intéressé. J’ai postulé. J’ai écrit à la FGUIFOOT. Mais, bon! Vous connaissez la suite. Je me sens capable de faire de très bons résultats avec cette génération bourrée de talents. Ma candidature n’a pas été acceptée.

« Je ne me considère pas comme ancien sélectionneur nationale de la Guinée »

NG: Le Syli National doit jouer dans le même groupe que le Zimbabwé, le Swaziland, et le Malawi pour les éliminatoires de la CAN/Gabon 2017. Votre commentaire sur ce groupe ?

 

Passarella: Je suis convaincu que la Guinée va s’en sortir et va se qualifier pour la prochaine Coupe d’ Afrique des Nations. Quand on voit les qualités individuelles de nos joueurs, on peut se dire que le Syli National peut aller loin.  Je trouve qu’on peut s’en sortir. Mais, il ne faut pas oublier qu’il n’ y a plus de petites équipes. On ne doit minimiser aucune équipe.  On doit se donner à fond pour être le premier du groupe. On est capable, nous avons de bons joueurs… Mais, il y’a quelque chose qui manque. C’est au technicien de faire le bon diagnostic pour savoir ce qui va et ce qui ne va pas au sein de l’équipe.

NG: En tant qu’ancien sélectionneur du Syli National, je rappelle que vous avez diriger l’équipe nationale au temps du capitaine Moussa Dadis Camara, qu’est ce qu’il faut maintenant pour que le onze national puisse franchir les quarts de finale de la Coupe d’ Afrique des Nations ?

Passarella: Je suis tout à fait d’accord avec vous. D’abord, une précision: moi, je ne me considère pas comme ancien entraîneur ou sélectionneur du Syli National. Après ma nomination à la tête de l’équipe, à mon arrivée en Guinée, on m’a toujours mis les bâtons dans les roues. On ne m’a jamais permis d’apporter les modifications nécessaires sur le plan du jeu. On ne m’a jamais laissé le temps de travailler. On m’a vraiment empêché de faire un bon travail. Je n’ai jamais eu des entraînements avec l’équipe… Les gens ne voulaient pas que je réussisse dans ma mission.

Maintenant, pour répondre à votre question, je crois qu’il nous faut: Premièrement: un fond de jeu qui nous permettra d’avoir la collectivité. Deuxièmement: le schéma tactique, c’est- à-dire: travail par poste spécifique  pour montrer le rôle de chaque joueur quand il a le ballon ou quand il n’a pas le ballon. Si l’entraîneur n’arrive pas à travailler dans ce sens, il finira pas échouer. C’est clair.

NG:  Vous vivez en Europe depuis plusieurs années. Est ce que vous suivez réellement le championnat guinéen ?

Passarella: Bien sûr. Je suis le football guinéen. Nous avons des clubs qui commencent à tirer le championnat vers le haut. Malgré le manque criard d’infrastructures. Aujourd’hui, si on veut un championnat digne de ce nom en Guinée, il nous faut absolument des infrastructures, et la formation, surtout des éducateurs qui pourrait nous permettre d’avoir la base: la pré-formation et la formation des entraîneurs. Voilà !

« Malheureusement, on me néglige en Guinée »

NG : Des riches hommes d’affaires sont à la tête de certains clubs guinéens. Il s’agit de Antonio Souaré, KPC, Boubah Sampil ou encore Mathurin Bangoura. Un mot sur l’implication de ces hommes d’affaires pour le développement du football guinéen ?

Passarella: Vous savez: Antonio Souaré, je ne l’ai pas connu dans le sports. Je l’ai plutôt connu dans les affaires. J’ai toujours été en contact avec lui.  Il est mon grand frère. J’ai toujours eu du respect pour lui.  Aujourd’hui, il est venu dans le football parce qu’il a les moyens d’apporter quelque chose pour le développement de notre football. L’essentiel maintenant, c’est de savoir si ces hommes d’affaires pourront faire avancer le football en Guinée. En tout cas, pour moi, c’est bien parti. C’est bien parti parce que nous, notre génération n’a pas eu cette chance. Quand on voit KPC, Antonio Souaré, Mathurin Bangoura ou Boubah Sampil, c’est un bon signe.

Mais, ce sont les infrastructures qui manquent. Les éducateurs de certains clubs qui n’ont pas la formation qu’il faut, doivent être mieux formés. L’arrivée de ces hommes d’affaires dans le football guinéen est une belle chose. Cela va certainement nous permettre de briller dans les compétitions africaines comme la League des Campions ou la Coupe de la CAF.

NG: Il paraît que vous êtes très proches de monsieur Antonio Souaré. Vrai ou faux ?

Passarella: Antonio Souaré, c’est un grand frère. Je vous l’ai déjà dit. Il a été à la base de mon arrivée en Europe. Je ne le cache pas. Je suis fier de dire que je suis en Europe grâce à Antonio Souaré. J’ai toujours gardé le contact avec monsieur Souaré. Jusqu’à présent, on est en contact. Actuellement, je suis sous contrat ici en France.  J’exerce mon métier d’entraîneur en France depuis 10 ans. J’ai passé les diplômes d’entraîneur. Aujourd’hui, j’entraîne. En Guinée, j’ai été formateur quand j’ai créé les  » Hirondelles » de Conakry. Cette équipe avait donné à l’équipe nationale 7 joueurs pour les éditions 2004 et 2006 de la CAN. Pourtant, en Guinée, je n’avais aucun diplôme. Aujourd’hui, je suis compétent. J’ai toutes les qualités pour faire avancer le football guinéen, que ça soit avec les Cadets, l’ équipe nationale  » Espoir » et même l’équipe nationale.

Malheureusement, on me néglige. C’est vrai. Il y’a certains qui ne me connaissent pas. D’autres me connaissent.  Mon franc parler a dérangé beaucoup de personnes quand j’étais joueur. Aujourd’hui, j’ai fait d’énormes progrès. Quand on dirige une grande équipe, je sais ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Je connais la différence entre le mal et le bien.

Aujourd’hui, si on me donne le temps et l’occasion en Guinée, je sais que je pourrai apporter énormément de choses à notre football. Antonio, c’est mon frère. C’est vrai, je n’ai pas eu le courage de lui demander de me confier les destinées du Horoya AC. Je n’ai jamais eu le courage de le dire. Mais, s’il a besoin de moi, je serai là. Je ferrai un bon travail, parce que ce club ( Horoya ndlr ), je ne l’ai jamais trahi. J’ai toujours été fidèle à Horoya.  Aujourd’hui, je suis entraîneur. Malheureusement, ici en Europe, les éducateurs Africains ne sont pas connus. Aujourd’hui, si la Guinée me donne une occasion, les fans du football vont être contents.

« Je soutiens mon ami AKB qui a déjà annoncé sa candidature à la présidence de la FEGUIFOOT »

NG: Aujourd’hui, si vous avez l’opportunité de rentrer en Guinée pour vous mettre à contribution pour le développement de notre football, allez-vous rentrer alors que vous êtes sous contrat en France ?

Passarella: Bien sûr que oui. Je suis prêt à rentrer au bercail. Je suis en fin de contrat en France ici.  Si on me dit: Mamady, on a besoin de tes compétences en Guinée comme technicien, j’irai aussitôt à Conakry. Ce sera un challenge. Je viendrai montrer aux Guinéens, que Mamady qu’ils ont connu comme footballeur, ce n’est pas le même Mamady qui est là comme entraîneur. Parce que, j’ai appris pleins de choses dans ce métier. La Guinée peut profiter énormément de ma compétence et de mon expérience. Je suis prêt à rentrer donner un coup de main à mon pays. Même s’il le faut à l’équipe nationale. Je suis prêt.

NG: Dans quelques mois, la FEGUIFOOT va élire son nouveau président. Quel bilan faites vous de la gestion de Super V ?

Passarella: Je ne peux pas me permettre de donner un bilan. Parce que tout simplement, je ne suis pas la Fédération Guinéenne de Football. Je ne suis que le championnat national. Ce qui reste clair, j’ai un ami ( Abdoul Karim Bangoura AKB ndlr ) qui va se présenter au poste de président de la FEGUIFOOT. Je le soutiendrai. AKB m’a appelé, nos anciens coéquipiers et moi, il  nous a dit qu’il a besoin de notre soutien. Qu’il ( AKB, ndlr ) passe ou pas, nous allons le soutenir jusqu’au bout. On le soutiendra quoiqu’il arrive.

Mais, cela ne veut pas dire que Super V a fait un  mauvais travail. Je ne peux pas critiquer le travail de Salifou. C’est vrai, je ne le connais pas très bien. Mais, je soutiens mon ami AKB qui a déjà annoncé sa candidature à la présidence de la FEGUIFOOT. Mon principal objectif, c’est d’aider le football guinéen à aller de l’avant. Même si on ne me fait pas confiance, je me battrai jusqu’au bout pour le développement de notre football.

 

Interview réalisée par MSD, Madjariou Barry avec la collaboration de Tanou Diallo

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