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Ousmane Camara, de la prison en Libye au centre de formation d’Auxerre en France

AUXERRE- Son parcours, singulier, l’a mené jusqu’aux portes du professionnalisme, son grand rêve. Ousmane Camara, 17 ans, a quitté sa Guinée natale il y a deux ans pour rejoindre l’Europe et atterrir au centre de formation de l’AJA en janvier dernier. Un parcours de migrant plein de souffrances.

Dans sa petite chambre du centre de formation auxerrois, Ousmane Camara fouille sur son bureau. Il veut nous montrer le courrier qu’il a envoyé à la préfecture de l’Yonne. « Voilà mon histoire » nous dit-il en nous montrant ces deux feuilles A4. Le Guinéen raconte pour la première fois son parcours, plein de souffrances. « Ça va être difficile pour moi, mais c’est obligé de l’expliquer. Car j’ai envie d’être grand, pour être fort. » Dernier d’une fratrie de six, qui grandit dans la pauvreté de Conakry la capitale de la Guinée, Ousmane Camara est éduqué par son oncle à une cinquantaine de kilomètres de ses parents. « Il m’a pris, quand j’étais petit, pour que je reste à côté de lui. Pour acheter des crampons, des maillots, pour partir à l’école. Pour jouer au foot. Et puis (il souffle) il a décidé que je quitte le pays. »

Frappé tous les matins en prison, « minimum 40 coups, 50 coups

« C’est là que la vie de l’adolescent guinéen bascule. Il passe au Mali puis au Niger jusqu’à ce que, probablement vendu, un homme vienne le chercher en pleine nuit pour l’amener en Libye. Là-bas, pendant trois mois, Ousmane Camara vit un cauchemar. Il passe en prison. Des migrants sont tués devant lui dit-il. Alors que lui est battu dans sa cellule. « Ils (les gardiens) voulaient que tu paies de l’argent et tu étais libre, tranquille. Mais si tu n’as pas d’argent, tous les matins ils te frappent minimum 40 coups, 50 coups. Ils te donnent le téléphone et te demandent d’appeler ta famille. Si tu n’as pas le contact de ta famille (ce qui est son cas), ils te frappent comme ils veulent et te laissent comme ça. Je n’ai jamais dit stop mais j’ai pleuré. Je n’avais pas le choix. »

Il parvient à monter comme il peut sur un bateau qui traverse la Méditerranée. On lui réclame plus de 5000 euros.

Ce que le jeune Auxerrois n’a pas. Il profite alors d’une bagarre entre détenus et gardiens pour s’échapper. Ousmane Camara marche plusieurs jours en forêt pour rejoindre un camp de réfugiés sur les bords de la méditerranée. Son talent de footballeur, lors de tournois entre migrants, lui permet de manger. Jusqu’à une nouvelle tentative, la bonne, pour rejoindre l’Europe, via l’Italie, après 18 heures sur un petit bateau. « J’étais tombé sur l’eau et quelqu’un m’a aidé pour remonter sur le bateau. On est parti à 20 heures, jusqu’à 14 heures le lendemain. On avait terminé nos quatre bidons d’essence. On s’est demandé ce qui allait arriver. Tout le monde pleurait. On s’est dit, ça y est, on va mourir ici (au milieu de la Méditerranée). Mais c’est le courage. »

VIA FRANCEBLEU

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